Gérard Rondeau en a eu le premier l'idée. Un photographe garde toujours dans le ventre de sonappareil l'atmosphère d'une cour d'école, un détail caché au coeur des dorures de Palais nationaux,une rosette à la boutonnière. J'avais en mémoire, pour ma part, des histoires crues de combatsélectoraux, des plaidoiries devant les tribunaux de l'Histoire, les drapeaux rouges de plusieursrévolutions. C'est peu dire qu'il y eu confrontation entre nos deux regards. « La République est uneanarchie positive » avait écrit Proudhon. C'est bien le mot. Nous avons agité le tout. Mélangé.Confronté. Entrechoqué la photo et le récit pour construire cette République qui nous agace et nousémeut, ce carcan de notre histoire et cette valeur si fragile qu'elle paraît sans cesse menacée. Ce «machin » dont personne ne veut mais auquel tout le monde tient. Notre République a donc deschamps de bataille dans la Somme. Un rideau rouge qui s'ouvre et pffft
, un président apparait.Une flopée de courtisans derrière lui, comme un monarque ! Et puis, des récits tragiques ouamusants. Un député battu qui se suicide. Des rituels plein de superstition au coeur de l'Assembléenationale. Un écolier nez en l'air et des phrases définitives sur les monuments de pierre. Car leshommes y ont laissé la trace de leurs combats glorieux comme de leurs faiblesses. La Républiquen'est donc pas qu'un grand chant lyrique. Elle est aussi anecdotes et clins d'oeil. Images et mots.Petite histoire et grands tableaux.Raphaëlle Bacqué