Faire chou blanc, tiré ou saigné à blanc, mariage blanc ou vote blanc. Il existe une déclinaison qui fait du blanc une équivalence de la vacuité. En témoignent ces expressions, dans une tradition qui ne voit que des immaculées conceptions sur champs de lys. Pour répondre à cette image collante, tenace, Stéphanie Busuttil a rassemblé ici des uvres picturales, architecturales, photographiques ou sculpturales qui prouvent que le blanc n'est pas la perte du sens et des sens mais bien un face-à-face sensoriel et sémantique idéal. Une sculpture en néons blancs de Dan Flavin, des cagoulards pendant la Semaine sainte en Espagne, la puissance du cercle de lumière naturelle, point central du dôme du Panthéon à Rome, la blancheur immaculée d'une jeune femme représentée par Petrus Christus, les glaciers de l'Himalaya, la rigueur d'une simple croix sous la neige, l'atelier de Brancusi, les paupières d'Erwin Blumenfeld, la transparence d'un verre d'eau. Blanc est une anthologie, une collecte marmoréenne, de neige, de crème, de sable, de peau, de coquille d'uf, plâtrée. L'infinie variation de l'achromie, avec ses micro-turbulences, son grain, ses contenus voilés. "Être écrivain, disait Roland Barthes, c'est aligner des citations et ensuite effacer les guillemets. Écrire un livre blanc en donnerait l'occasion rêvée", dit Pierre Sterckx dans son introduction. L'occasion est ici parfaitement saisie.