Il aura fallu attendre près d'un demi-siècle pour que les rouleaux de papyrus (plus d'un millier de textes), découverts entre 1947 et 1956 dans une dizaine de grottes de Judée, à proximité de Qumrân, fassent l'objet d'une publication intégrale. Le contexte politique et militaire du conflit israélo-arabe, les luttes de pouvoir autour du droit d'accès à ces documents, d'une importance pourtant majeure pour l'histoire du judaïsme et du christianisme, sont responsables de cette lenteur qui répandit autour des célèbres Manuscrits de la mer Morte comme un parfum de mystère. Depuis 1990 date à laquelle l'équipe officiellement chargée du travail de reconstitution, de traduction et d'édition a perdu son monopole , les travaux de spécialistes se sont multipliés et permettent aujourd'hui une présentation d'ensemble et systématique des fragments qumrâniens. Rédigés entre 200 et 100 de notre ère par des membres de la secte juive des Esséniens, ces textes se rattachent pour un quart d'entre eux à l'Ancien Testament auquel ils ajoutent de nouveaux chapitres ou d'éclairants commentaires (on apprend ainsi pourquoi Dieu a mis Abraham à l'épreuve par le sacrifice de son fils Isaac). Pour les autres, il s'agit de textes religieux importants mais non directement liés aux livres sacrés. On comprend mieux, en parcourant ces écrits reconstitués avec difficulté, comme nous l'apprend l'appareil critique qui les accompagne, de quelle effervescence sacrée, scripturale et littéraire, est issue la "version standard" de la Bible composée seulement au premier siècle de notre ère. Une partie des textes qumrâniens ont fait l'objet d'une très sérieuse publication française en 1987, en collection Pléiade (La Bible. Écrits intertestamentaires). En 1995, Robert Eisenman et Michael Wise publièrent une première sélection de cinquante fragments (texte hébreu, traduction et commentaires), Les Manuscrits de la mer Morte révélés.