Peu de ses lecteurs savent qu'Edgar Morin a tenu depuis l'adolescence, par intermittence, des journauxintimes dont seule une partie a été publiée, quand une autre a été perdue et une troisième était restéejusqu'ici confidentielle et inaccessible au public.Ce premier tome du Journal, qui couvre trois décennies (1960-1980), réunit des ouvrages déjà publiés,mais pour certains méconnus, et plusieurs textes inédits : Le Vif du sujet (nov. 1962-oct. 1963),interrogation d'un homme en convalescence sur les fondements de ses conceptions, peu à peuentrecoupée par les événements qui marquent sa renaissance à la vie ; le Journal de Plozévet (1965),carnet de terrain de sa célèbre enquête sur cette commune bretonne et témoignage en direct de lamutation de la campagne française ; le Journal de Californie (sept. 1969-juin 1970), découverte d'uneAmérique « en transe », dont le tourbillon culturel croise le propre mouvement de sa pensée ; uneébauche inédite de questionnement sur sa position au sein de la gauche et dans le milieu intellectuel(1973) ; le Journal d'un livre (juil. 1980-fév. 1981), tenu parallèlement à l'écriture de Pour sortir duXXe siècle, et « Le serpent » (oct. 1981), aparté et mise en abyme de cet exercice sur fond de trahisonéditoriale ; « Krisis » (1987), enfin, épisode sombre, qui préfigure d'autres « années cruelles ».Loin dene constituer qu'un volet anecdotique ou un simple exercice de style, ces journaux éclairent latrajectoire d'un penseur hors norme.