ExtraitQuelque chose lui arriva... Eric Tabarly, né vainqueur en 1931. En 64, il remporte l'Ostar, la Transatlantique anglaise en solitaire ; en 67, l'intouchable Fastnet ; en 69, il est le marin le plus rapide au monde avec son poulpe d'aluminium à voiles, le trimaran Pen Duick IV; la même année, il traverse l'ouragan Brenda, un souffle cyclonique fort de cent noeuds ; en 69, il est premier de l'arc transpacifique en solitaire, trente mille milles de San Francisco à Tokyo, avec dix jours d'avance sur le second ; en 76, il danse le tamouré, chasse le mouton, prend du bon temps ; en 76, il regagne l'Ostar à la barbe d'Alain Colas, son émule ombrageux ; en 76, il rencontre Jacqueline, une Martiniquaise idyllique, la femme de sa vie. Il l'épouse en 84, ils ont un enfant, Marie. L'amour humain est aussi la marque du bon baroudeur.Après ça, la belle vie que la vie d'Eric Tabarly sur les bords de l'Odet, à Gouesnac'h, face au grand océan. Du marin chanceux, Homère écrit qu'il est l'hôte occasionnel d'un dieu aux distractions duquel il doit suppléer, méritant ainsi le génie qui l'emmène au large - au large des heures terrestres, éphémères enjeux des cadrans solaires.Le 13 juin 1998, en mer d'Irlande, à bord du premier Peu Duick, peu après minuit, quelque chose lui arriva...Voilà dix ans qu'il n'est plus