Bucarest, 1956. Le narrateur a sept ans, et sa famille - une lignée de médecins-chercheurs et artistes, éprouvée par les expropriations et les emprisonnements arbitraires - est réunie pour fêter la libération du grand-père et de l'oncle. En grandissant, le narrateur se passionne pour la littérature et l'histoire ; le régime roumain se détend, les jeunes s'entichent des Beatles tout en buchant leurs examens d'entrée en faculté. Il réussit le concours de la section d'Histoire de l'art et, comme tous les étudiants, acquitte le coût de ses études supérieures par les camps de travail forcé dans les champs. Il découvre les luttes intestines de l'université, Gombrich, Focillon et Panofsky dont les écrits circulent plus ou moins librement. A l'issue de sa première année, une lueur d'espoir, quelques bourses sont proposées pour l'étranger, le narrateur postule et remporte celle de Rome... Le récit de cette jeunesse roumaine se lit comme une traversée salvatrice du rideau de fer. Loin de l'imagerie grise et plombée d'une dictature communiste, on découvre ici la version nettement plus contrastée d'une vie sociale, culturelle et familiale qui force les liens en dépit de la peur, qui connaît le prix de chaque once de libre-arbitre ou d'évasion. Chacun se sait en sursis des oukases du pouvoir et pourtant, la vie continue, les intellectuels s'accommodent des édits arbitraires pour gagner leur liberté de penser, les enfants jouent dans les parcs de la ville et découvrent les joies des étés sur les rives de la mer Noire.