ExtraitLE CADEAU QUI NE SE DONNE PASÔ ma tulipe ô ma rose Quand la pluie vous arrose J'ai mon jardin plein de fleurs Et de l'amour plein le coeur.Une jeune fille chantait à sa fenêtre. Qui l'écoutait ? Un jeune homme qui passait par là.C'était un jeune roi, le roi Matthias de Hongrie, qui aimait à se déguiser en étudiant. «J'ai beaucoup à apprendre de mon peuple, disait-il. Je veux connaître ses désirs et ses misères, ses peurs et ses plaisirs. Ainsi seulement mon règne saura être juste.» Ni vu ni connu, le roi parcourait le pays et se mêlait à la population. Cela faisait une année entière qu'il était sur les routes. Un après-midi, le roi arriva devant la maison d'un juge où il aperçut cet écriteau cloué sur la porte :«Ici, on vit sans souci grâce à la meilleure poterie la meilleure pâtisserie et la meilleure tapisserie de tout le pays.»«Comment ça, un juge qui vivrait sans souci ? s'écria le roi. Tout le monde a des soucis, même moi. Les guerres, la paix, le pain pour mes pauvres.»Une envie de se rasseoir sur son trône et de contempler son royaume de plus haut le prit soudain. Il retourna à la cour et fit venir devant lui le juge insouciant.- Puisque vous avez chez vous les meilleurs potiers du pays, voici pour vous deux cruches trouées. Réparez-les en les rapiéçant et rapportez-les-moi.
