Bienvenue dans mon cauchemarLa tonalité du téléphone me vrillait les tympans. Je raccrochai. Je décrochai. Duuuuuuuuuu. Je raccrochai.Bienvenue dans mon cauchemar.Pour la centième fois, je relus mon pense-bête, trois lignes gribouillées d'une main fébrile sur une note autocollante.1. Kelly FaulknerÇa, c'était pour me souvenir de l'identité de celle avec qui j'essayais vainement d'entrer en contact, car je redoutais crue mon cerveau ne se change en pâte à modeler au beau milieu de la conversation. Je ne plaisante pas. C'était une hypothèse vraisemblable. Car je tentais de contacter Kelly Faulkner. Et pas n'importe quelle Kelly Faulkner. La Kelly Faulkner aux yeux bleu glace et aux dents d'un blanc éclatant. La Kelly Faulkner au corps de rêve et au sourire désarmant. Oui, cette Kelly Faulkner-là. A couper le souffle, à faire fondre le système nerveux central, à décrocher la mâchoire, à retourner les tripes et à provoquer l'arrêt brutal de toute fonction cardiaque et respiratoire.Pour résumer, j'avais légèrement la pression. Je déchiffrai la ligne suivante.2. Ismaël LeseurÇa, c'est mon nom, mais aussi celui d'une maladie aussi redoutable que méconnue : le syndrome d'Ismaël Leseur, un virus qui me conduit à commettre toutes sortes de maladresses et à me comporter en toutes occasions comme le pire des imbéciles. Et si vous pensez qu'il faut être parfaitement idiot pour faire figurer son propre nom sur un pense-bête, j'en déduis que vous n'avez jamais souffert de ce mal mystérieux. (Ça n'a rien de surprenant, vu qu'à ce jour, je suis le seul au monde à l'avoir contracté.) Sachez que la situation dans laquelle je me trouvais, associé au syndrome évoqué ci-dessus, confronté à la perspective de communiquer avec Kelly Faulkner au téléphone, était susceptible de provoquer un accès de stupidité de grande ampleur. Et croyez-moi, je parle par expérience, c'est un spectacle auquel vous n'aimeriez pas assister.(...)