ExtraitLa ferme est nichée au milieu des vignes. Murs de pierres polies par le temps et les intempéries, toit de tuiles plates, vastes écuries ; elle fait partie du paysage. Ce paysage d'ordinaire silencieux qui, en ce dimanche matin, résonne de cris, de rires, de hennissements...Dans la cour, une vingtaine de personnes discutent avec animation. Des enfants en tenue d'équitation, accompagnés de leurs parents, se préparent à une épreuve de cross équestre. Une grande première ! L'aboutissement du rêve de Serge et Ariette Durand, propriétaires de la ferme : former de jeunes cavaliers, et les initier aux parcours d'obstacles.L'un de ces élèves se nomme Pierre; c'est leur propre fils. Un garçon audacieux, doué, qui, à douze ans, fait preuve d'une maîtrise exceptionnelle. Avec une fierté non dissimulée, ses parents le suivent des yeux tandis qu'il galope vers la forêt proche.Les sabots du cheval claquent sur le sentier.- Plus vite ! Plus vite ! le stimule Pierre, les dents serrées.Il ne fait qu'un avec sa monture. Contre ses cuisses, il sent jouer les muscles puissants de l'animal. Le vent de la course siffle à ses oreilles.- Plus vite ! Plus vite !Sa bombe, mal stabilisée, lui retombe sur les yeux. Il la relève d'un geste vif.- Allez, mon beau ! Vas-y !Le terrain est accidenté. Pour l'occasion, des obstacles ont été disséminés le long du parcours par les organisateurs. Mais Pierre connaît la musique ! Sans effort, son cheval saute au-dessus d'un tronc d'arbre, placé en travers du sentier.- Oui, oui, c'est bien !Un ruisseau, à présent, leur barre la route. D'un bond gracieux, l'animal le franchit, et se reçoit sur le limon instable de la rive, qui remonte en pente raide vers un nouvel obstacle... En un éclair, l'enfant réalise le danger, mais trop tard. Les sabots du cheval dérapent sur le sol glissant. Déséquilibré, il éjecte son jeune cavalier avant de s'écrouler à son tour dans la boue.- Votre attention, s'il vous plaît, annonce une voix nasillarde dans le haut-parleur. Le concurrent Pierre Durand vient de faire une chute à la hauteur du gué. Une équipe de secours est demandée d'urgence.Ariette, qui guettait le retour de son fils, pousse un cri strident :- Mon Dieu, Pierre !