Extrait du préambule Où l'on écoute une conversationVoix A : Je m'ennuie.Voix B : Oh non, tu ne vas pas recommencer !Voix A : Je suis désolée, c'est plus fort que moi, mais je m'ennuie vraiment. C'est le fait d'être enfermée.Voix B : Tu sais bien qu'on n'a pas le choix. Je ne souhaite pas plus que toi rester dans cette cage de samaran, mais il en va de la sécurité de Jonah.Voix A : Je sais, je sais. Si on était à l'air libre, la nature se déchaînerait sur lui et seul le samaran peut masquer notre présence... Mais parfois, quand je pense à ce qu'on a vécu l'année dernière, je ne peux pas m'empêcher de m'ennuyer ferme.Voix B : C'est vrai qu'on s'est bien amusées.Voix A : Tu te souviens du tremblement de terre ?Voix B : Je m'en souviens, mais je ne vois pas trop comment toi tu pourrais : tu étais inconsciente à ce moment-là.Voix A : Oui, mais tu m'as tout raconté. Et tu me l'as tellement bien raconté que j'ai l'impression de l'avoir vécu. Tu ne veux pas me le raconter encore une fois ?Voix B : Je l'ai déjà fait au moins une bonne centaine de fois !Voix A : Allez ! Au moins le passage du tremblement de terre, je l'adore vraiment.Voix B : C'est normal, c'est un peu le moment où Jonah a rencontré sa nouvelle famille : Martha et Big Jim. Mais tu sais, ça ne sert à rien de ressasser les choses du passé. Si tu veux parler, autant parler du futur.Voix A : Le futur ? Tu arrives à envisager notre futur, toi ? Enfermées comme nous le sommes...Voix B : Le docteur Wilbur a promis à Jonah une solution et je crois qu'on peut lui faire confiance. Il s'est montré plutôt conciliant ces derniers mois : il nous a régulièrement fourni en samaran.Voix A : J'aurai toujours du mal à lui faire confiance. Et même s'il a greffé deux mains à Jonah, je sens bien qu'il n'est pas tout à fait clair. Ses histoires de Sentinelles, c'est un peu des fables pour aider les enfants à s'endormir. Et puis je n'apprécie pas trop son équipe. Surtout ce gars, là, Aaron T., celui qui s'est fait passer pour le père de Jonah. Il est vraiment bizarre, ce type. Sans compter les autres enfants du repère des Sentinelles, comme Adam et Véra : on les sent prêts à exploser à n'importe quel moment. Et ce petit garçon aux cheveux roux, Daniel W., il est plus qu'étrange, celui-là. Avec ses voiles de couleur qui lui passent sur le visage.Voix B : Ce sont un peu les compagnons d'infortune de Jonah. Ce n'est pas pour rien qu'ils font partie des Sentinelles. Ils représentent tous une évolution dans l'espèce humaine.Voix A : Tu parles ! N'empêche que je préfère largement les fréquentations de Jonah à l'orphelinat. Steve, Fillipus et Robert. Avec eux on rigole bien, au moins. Et puis, il y a Alicia. Tu imagines une seule seconde Jonah sans Alicia ? Ça serait comme... comme une tarte aux fraises sans fraises.Voix B : Oui, ça serait un peu sec.Voix A : Ou comme une bière sans mousse.Voix B : Quelle tristesse !Voix A : Ou comme une girafe sans taches.Voix B : Je vois tout à fait ce que tu veux dire. La vie de Jonah est parmi les siens à l'orphelinat. Avec M. Simon, Riad, Miss Bellagio et Draco.Voix A : Draco ? Heu... Je n'irais pas jusqu'à dire que sa vie est avec Draco. Malgré toute la sympathie que j'éprouve pour lui, il me fait parfois un peu peur.