Comme tous les ans, pendant les vacances de février, on va à la neige. On skie, on tombe, on rigole, on va au cinéma, puis au restaurant manger de la tartiflette. Papa prépare des fondues sans vin blanc, il les fait super bien. La fondue sous toutes ses formes est une des passions de mon père. On fait nos pronostics pour la cérémonie des césars, qu'on regarde en rentrant et que, comme chaque année, on ne voit pas jusqu'au bout parce que c'est trop long et vraiment ennuyeux finalement. C'est bien.Sur le retour, comme à chaque trajet en voiture, Lola râle parce qu'elle a pas eu le temps de poser son vernis avant de partir et que dans la voiture ça bouge tout le temps, Maman râle parce que Lola râle, Papa râle parce que Maman râle et moi, Louis, je râle parce que tout le monde râle. Après plus personne ne dit rien, on arrive à la maison, Papa part ranger la voiture au garage, et boire un café tranquille au passage, mais ça il ne le dit pas, et nous, on déballe nos affaires en silence.Après, comme à chaque retour de vacances, chacun va dans sa chambre rejoindre son petit univers. D'habitude j'aime bien retrouver ma chambre, mais là ça coince parce que j'ai un devoir d'espagnol à faire avant le jour de la rentrée, c'est-à-dire lundi, c'est-à-dire demain, et je ne sais pas du tout comment m'y prendre. Il faut dire que l'espagnol et moi, ça fait deux.«Raconte ce que tu aimes faire pendant les vacances», voilà le sujet. En dix lignes. Et en espagnol forcément. Écrire un truc, une idée, même si on n'y croit pas vraiment, mais en tout cas se lancer, c'est ce qu'il faut. Commencer, et puis après on voit. On voit quoi ? Je ne sais pas. C'est la méthode de la prof d'espagnol, Mme Pépita, pour répondre aux devoirs tordus dont elle nous gave sans arrêt. OK, je sais, c'est pas si tordu que ça, mais n'importe quel sujet me semble une montagne parce que je suis nul en espagnol. C'est ma bête noire. (...)
