MeginRien n'est plus triste que de prendre une douche à la veille de la rentrée des classes. On dirait qu'avec la saleté de la journée c'est tout l'été que l'on regarde s'évacuer par les canalisations. Tout le bonheur, tous les jours de liberté. C'est si triste. La dernière chose dont j'avais besoin en prenant cette douche annonciatrice de la fin de l'été était que quelque chose vienne aggraver la situation. Et c'est pourtant exactement ce qui est arrivé.Tout a commencé alors que je me lavais les cheveux : quelqu'un a tiré la chasse d'eau, et la douche est devenue brûlante.- Toddie ! ai-je crié en détalant à l'autre bout de la baignoire.Mon petit frère est le seul à utiliser les toilettes lorsque je prends ma douche. J'ai jeté un coup d'oeil à travers le rideau. Pas de Toddie. Personne. Sauf que la porte était ouverte.- Ferme la porte ! ai-je hurlé. La porte a claqué.Je me suis dit que ça s'arrêterait là. Erreur ! Quelques minutes plus tard, alors que je me savonnais, la température a brusquement chuté, et l'eau est devenue glaciale.J'ai bondi en arrière, et ma hanche a heurté le porte-savon. Aïe ! J'ai tenté un regard à travers le rideau tout en me massant la hanche. De l'eau bouillante jaillissait du robinet du lavabo. Et de nouveau, personne dans la salle de bains et la porte toujours ouverte. J'ai alors compris qui était derrière tout ça.- Ferme la porte ! ai-je crié.La porte demeurait ouverte. Il fallait que je la ferme ainsi que le robinet. Impossible de les atteindre de là où j'étais. J'ai repoussé le rideau à l'extérieur de la baignoire et je suis sortie en me camouflant derrière. Dégoulinante. Ma hanche me faisait un mal de chien. La porte était toujours trop loin. Je me suis éloignée de la baignoire. A mesure que je me rapprochais de la porte, j'étais de moins en moins cachée par le rideau. Rapidement, seul le petit triangle rouge dans le coin inférieur m'a couverte. J'ai tendu la jambe comme je pouvais, mon gros orteil s'agitant inutilement à quelques centimètres de la porte.Il n'y avait plus qu'une chose à faire. Je me suis alors précipitée vers la porte, en laissant le rideau. C'est là que les choses se sont accélérées : tout à coup, Toddie est apparu dans l'embrasure, l'air ahuri. Je me suis arrêtée net, j'ai hurlé, j'ai foncé vers le rideau, je me suis cogné la jambe contre la cuvette des W-C, puis enroulée dans le rideau, dont les anneaux se sont décrochés un à un de la tringle dans un bruit de mitrailleuse. Un autre cri m'a échappé.- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHH ! Puis mon père est arrivé en courant.