En 1991, Théodore Monod écrivait à propos d'Amadou Hampâté Bâ : Puissent ceux qui le découvriront... se sentir moralement enrichis et fortifiés par la découverte de celui qui fut à la fois un sage, un savant et un spirituel...Hampâté Bâ venait de mourir. Et à travers lui, le formidable témoignage d'un penseur et conteur du Mali qui avait su reprendre à son compte les traditions d'oralité de son pays. Dès l'enfance, nous étions entraînés à observer, à regarder, à écouter, si bien que tout événement s'inscrivait dans notre mémoire comme dans une cire vierge.Pour raconter l'enfance en son pays, l'auteur choisit d'évoquer la savane ouest-africaine, la brousse dévorée par le soleil, battue par les tornades, griffée par le fleuve Niger qui traverse le pays. Au centre de son récit : le royaume de Bandiagra au début du siècle, régi par un islam sévère qui encadre la vie des jeunes enfants. L'auteur y grandit dans le respect de deux principes fondamentaux : l'honneur et le respect maternel. Un enfant peut désobéir à son père mais jamais à sa mère. Voici un livre de Mémoires qui nous révèle la formation d'un des esprits les plus brillants de l'Afrique noire. Amadou Hampâté Bâ raconte ici sa petite enfance et son adolescence, à l'époque où, dans le Mali du début du XXe siècle, il s'initiait aux traditions ancestrales, fréquentait l'école française en même temps que la coranique, courait la savane, découvrait le colonialisme et s'apprêtait à devenir l'un des derniers grands dépositaires d'une civilisation orale en pleine mutation. Roman d'aventures, tableau de moeurs et fresque historique, ce livre restitue dans une langue savoureuse et limpide toutes les richesses, les couleurs et la vie du grand récit oral africain, et donne une belle leçon d'humour, de tolérance et d'humanité.