Une nouvelle d'Alain Damasio, c'est un appel d'air précieux dans un présent saturé d'une technologie qui aliène et qui sépare : un appel aux retrouvailles, entre un père et sa fillette dans Annah à travers la harpe - pour retrouver Annah, son père devra traverser des épreuves aussi épiques que celles d'Ulysse dans l'Odyssée ; un appel aux retrouvailles entre deux amoureux dans So phare away ; un appel à entretenir un lien avec un amour passé, grâce à la mémoire dans Aucun souvenir assez solide. So phare Away évoque un monde pollué où l'océan n'est plus qu'une gigantesque masse de goudron, et où chaque marée mazoutée recouvre un peu plus une ville tentaculaire. Une ville de reclus, où les échanges humains se font à distance, au moyen de signaux lumineux, émis depuis les nombreux phares qui parsèment la ville. Des échanges de plus en plus difficiles du fait de l'inflation des messages publicitaires qui monopolisent la "nappe", le halo lumineux qui recouvre la ville. Au péril de sa vie, Farrago va pourtant, à l'occasion d'une marée, tout faire pour rejoindre Sofia, sa bien-aimée. La langue virevoltante et joyeuse de Damasio dynamite les conventions : un coup de vent furieux, libérateur et vivifiant.
