Construit en plein cur du Caire dans les années 1930, vestige d'une splendeur révolue, l'immeuble Yacoubian constitue un creuset socioculturel très représentatif de l'Egypte du XXIe siècle naissant.Dans son escalier se croisent ou s'ignorent Taha, le fils du concierge, qui rêve de devenir policier ; Hatem, le journaliste homosexuel ; le vieil aristocrate Zaki, perdu dans ses souvenirs ; Azzam, l'affairiste louche aussi bigot que lubrique ; la belle et pauvre Boussaïna, qui voudrait travailler sans avoir à subir la convoitise d'un patron... Témoin d'une époque, Alaa El Aswany pose, sans juger, un regard tendre sur des personnages qui se débattent tous, riches et pauvres, bons et méchants, dans le même piège, celui d'une société dominée par la corruption politique, la montée de l'islamisme, les inégalités sociales, l'absence de liberté sexuelle, la nostalgie du passé.Mais ce roman n'aurait pas conquis un tel nombre de lecteurs dans le monde entier s'il se contentait d'évoquer l'Egypte au tournant du millénaire : en digne héritier d'un Dostoïevski comme d'un Zola ou d'un Mahfouz, c'est bien de l'homme que nous parle Alaa El Aswany, de ses vices et de ses faiblesses, de ses rêves et de ses échecs, et le miroir qu'il tend, pour indulgent qu'il soit, n'en est que plus effrayant. En plein coeur du Caire, l'immeuble Yacoubian, véritable personnage principal du roman, est prétexte à raconter tout un pan de l'histoire égyptienne, des années 1930 à nos jours. Porté à l'écran par Marwan Hamed en 2006, ce livre est devenu un phénomène éditorial dans le monde entier. Construit en plein coeur du Caire dans les années 1930, vestige d'une splendeur révolue, l'immeuble Yacoubian constitue de nos jours un creuset socioculturel très représentatif de l'Egypte contemporaine. Dans ses escaliers se croisent ou s'ignorent Taha, le fils du concierge qui rêve de devenir policier ; Hatem, le journaliste homosexuel brimé par une société qui lui permet de jouir mais lui interdit le respect de l'amour ; le vieil aristocrate Zaki, perdu dans la nostalgie d'un passé révolu ; Azzam, l'affairiste louche aussi bigot que lubrique ; la belle et pauvre Boussaïna, qui voudrait travailler sans avoir à subir les assiduités de son patron... le tout à l'ombre inquiétante du Grand Homme, de ses polices et de ses sbires de haut vol comme l'apparatchik El-Fawli, et à celle non moins inquiétante d'un islam de combat, qui semble la seule issue pour une jeunesse à qui l'on n'a laissé aucun autre espoir. Témoin d'une époque, Alaa El Aswany pose sans juger un regard tendre, affectueux, plein de pitié et de compréhension sur ses personnages qui se débattent tous, riches et pauvres, bons et méchants, dans le même piège, celui d'une société dominée par la corruption politique, la montée de l'islamisme, la fracture sociale, l'absence de liberté sexuelle, la nostalgie du passé. Héritier de Balzac et de Zola autant que de Naguib Mahfouz, il montre ce que chacun peut voir autour de lui mais que seule la littérature rend vraiment visible. Et l'on comprend un peu mieux comment va l'Egypte, certes, mais aussi comment va le monde et - peut-être également - pourquoi explosent les bombes...