V. Chan rencontra le dalaï-lama en 1972 et devint l'un de ses disciples et collaborateurs intimes. Il écrit avec lui les rencontres, les moments de vie qui façonnèrent sa pensée, tournée vers la compassion.Un ouvrage émouvant, vivant et remarquablement documenté qui nous plonge au coeur de la pensée et du parcours de l'une des figures majeures du monde contemporain. Victor Chan a rencontré le dalaï-lama en 1972. Il est devenu un de ses disciples et collaborateurs le plus éminent. Ecrit avec lui, cet ouvrage personnel et intime fait le récit bouleversant des rencontres grâce auxquelles le sage tibétain affina sa doctrine de la compassion et précisa sa pensée. Des témoignages aident à comprendre ce qu'est, au quotidien, la compassion. Chaque entretien donne lieu à un développement précis sur les engagements et les croyances du dalaï-lama et offre une vision du monde et des hommes humaniste et exigeante. Enrichi de photographies originales et emblématiques, cet ouvrage décrypte avec sérieux et profondeur la personnalité du dalaï-lama, relate des événements particulièrement touchants de son parcours, montre sa réaction face aux soubresauts de l'histoire et révèle sa foi inébranlable en l'homme. Une réflexion humaniste sur le sens de la compassion aujourd'hui et une analyse de l'importance de la parole du dalaï-lama dans la pensée actuelleExtraitExtrait de l'introductionLES PROSTERNATIONS DE KIRA«La compassion véritable n'est pas basée sur nos projections ou nos attentes, mais plutôt sur les droits d'autrui. Peu importe que cette personne soit amie ou ennemie, pourvu qu'elle désire la paix, la joie, et qu'elle souhaite surmonter sa souffrance. C'est sur cette base que nous devons développer un véritable intérêt pour les problèmes de l'autre. Si vous souhaitez le bonheur des autres, pratiquez la compassion. Si vous voulez être heureux, pratiquez la compassion.»SA SAINTETÉ LE DALAÏ-LAMALe visage du dalaï-lama s'éclaira à l'approche de l'homme aux lunettes de soleil. Il se leva brusquement, traversa la petite estrade, et tendit la main à Richard Moore. «Voilà, voilà, il y a une petite marche. Attention, attention, dit-il en prenant la main droite de l'homme afin de l'aider à monter sur l'estrade et à avancer jusqu'à un siège.- C'est confortable ? demanda-t-il.- Très confortable», répondit Moore.L'Irlandais était vêtu très simplement d'un coupe-vent noir et d'un pantalon. Il approchait la cinquantaine et ses cheveux brun clair tiraient vers le gris.Le dalaï-lama se racla la gorge, gratta vigoureusement son crâne rasé et déclara à la quarantaine d'humanitaires assis en rangs devant lui, dans une petite salle de conférences d'un hôtel de New Delhi : «Après avoir rencontré Richard, j'ai appris son histoire. Quand il avait 12 ans, un soldat anglais lui a tiré dessus. La balle en caoutchouc l'a frappé ici...» Le chef spirituel tibétain désignait son oeil droit. «Immédiatement, il a perdu la vue et s'est évanoui. Quand il s'est réveillé, il était à l'hôpital. Sa première pensée fut pour sa mère : "Dorénavant je ne pourrai plus jamais voir son visage".» Le dalaï-lama posa la main sur son coeur et déclara : «C'est très touchant.»En tant que co-organisateur du dialogue 2011 du dalaï-lama avec des militants sociaux de premier plan venus de quatre continents différents, je pensais qu'il était important qu'il passe un moment en compagnie de Richard Moore sur scène. J'avais été le témoin de l'alchimie particulière qui existait entre eux, depuis leur première rencontre en 2000 à Derry, en Irlande du Nord. À cette époque, le dalaï-lama s'était inquiété de savoir en combien de temps Moore avait surmonté le traumatisme causé par la perte de la vue. «Une nuit, lui avait répondu l'Irlandais. J'ai appris à voir la vie de façon différente.» Ensuite, le dalaï-lama lui avait demandé quels sentiments il éprouvait envers l'homme qui lui avait tiré dessus. Moore avait répondu sans aucune hésitation :«Je n'ai jamais ressenti le moindre sentiment de colère envers ce soldat.- Aucune colère, c'est tellement merveilleux ! s'exclama le dalaï-lama devant le groupe de Delhi. Le ton de sa voix était teinté d'admiration. Je pense que, sans avoir beaucoup étudié ou pratiqué, Richard a su s'appuyer sur la bonté qui est la base de la nature humaine, comme sur sa sagesse. Il a perdu la vue. La colère n'a jamais surgi. La haine non plus. Au lieu de cela, plus de compassion, dans un esprit de pardon. Son mental bien plus heureux. C'est mon héros.»Je connais le dalaï-lama depuis quarante ans. J'ai beaucoup voyagé avec lui, assisté à de très nombreuses conférences. Je l'ai vu en compagnie d'étudiants, de stars du rock, de philanthropes ou de mendiants. Au fil des ans, je me suis habitué et j'ai appris à aimer la façon très particulière qu'il a d'utiliser l'anglais pour illustrer ses points de vue et la façon très intime avec laquelle il interagit avec les gens qu'il rencontre. Je ne suis pas surpris qu'il admire Richard Moore, quelqu'un qui a souffert d'une perte irréparable dans sa jeunesse, et qu'il se soit lié d'amitié avec lui.Cependant, je ne l'ai jamais entendu appeler quiconque son héros.