Extrait de la préface En 1950, le jour de la Saint Benoit, deux religieux chrétiens venus de France fondent sur quelques arpents de terre reçus en donation l'ermitage de Shantivanam (Le Bois de la Paix), au bord de la rivière sacrée Kavery, en Inde du sud.Les deux fondateurs, le Père Jules Monchanin (1895-1957), missionnaire diocésain et théologien érudit, et Dom Henri Le Saux (1910-1973), moine bénédictin de l'abbaye de Kergonan en Bretagne, ont pour objectif de créer un centre de vie contemplative et de faire vivre un monastère bénédictin en plein coeur de la culture spirituelle de l'Inde. L'ashram devra être un lieu de rencontre entre religions prophétiques et traditions de sagesse, un centre de dialogue interreligieux indo-chrétien. Les Pères fondateurs baptisent leur ashram «Saccidananda» (sat, l'existence ; chit, la conscience ; et ânanda, la félicité), rappelant ainsi la Sainte Trinité. Us construisent de leurs propres mains une chapelle dans le style des temples hindous, et passent la majeure partie de leur temps en méditation dans leurs huttes de torchis aux toits de palmes tressées, dans la plus grande simplicité et le plus grand dénuement.Tous deux adoptent le mode de vie indien, y compris dans la pratique de leur spiritualité. Ils revêtent le kavi, la robe safran des sannyàsin (des «renonçants»), et prennent des noms indiens. Ainsi le Père Jules Monchanin deviendra Swami Parama Arupi Ananda, et Henri Le Saux, Swami Abishiktananda («Celui qui trouve sa joie dans l'Oint»). Lors d'une visite à Tiruvannamalai, ils reçoivent le darshan (La Vision) du grand sage indien du 20ème siècle, Ramana Maharshi. Cette expérience produit un choc profond chez Swami Abishiktananda qui, par la suite, partagera son temps entre la vie de Vashram et de longues périodes de méditation en ermite solitaire dans les grottes de la montagne sacrée d'Arunâchala. Il fera le récit de ses expériences et de ses intuitions dans plusieurs ouvrages.En 1957, Jules Monchanin, de santé fragile et atteint d'un cancer, est rapatrié vers la France pour y être opéré ; il y décède peu après. Swami Abishiktananda (Henri Le Saux) continue de partager son temps entre Shantivanam et ses longues retraites en solitaire à la recherche de l'Unité et de la Vérité. Il parcourt les routes de l'Inde et visite de nombreux ashrams hindous. Ses pas le mènent vers les Himalayas aux sources du fleuve sacré, le Gange.