ExtraitExtrait de l'avant-propos de Patrick Mandala- «Qui suis-je ?»- «Tu es Cela !»Le silence du guru est l'instruction spirituelle la plus fracassante, la plus explosive qui soit. Il est aussi la forme la plus élevée de la Grâce.Toutes les autres dîkshâs, initiations, ne sont que des facteurs «dérivés» du silence ; ils sont secondaires.Râmana MahârshiPour le Sage d'Arunachâla, Râmana Mahârshi (1879-1950) - certainement l'une des plus grandes figures (impersonnalités devrait-on dire) spirituelles de l'humanité - la parole n'était qu'un «accessoire» de la force et de la vérité qu'il transmettait à son interlocuteur ou auditoire. Ses paroles, si précieuses soient-elles - ici la page écrite - ne peuvent évidemment rendre compte pleinement de la puissance de transmission du Sage. Le Mahârshi donnait davantage par le regard - «porte de l'âme -, par sa présence, par le silence. C'est en quelque sorte un «enseignement silencieux» (mauna-upadeshà), ramenant toujours la personne à sa propre vérité d'être, la conduisant ainsi à trouver en elle-même et par elle-même la réponse à sa propre question. Orthodoxe, le Sage n'appartenait cependant à aucune lignée, il n'enseignait aucune doctrine, si ce n'est l'investigation du ko 'ham, «Qui suis-je ?».C'est la raison pour laquelle cette introduction sera courte, réduite à l'essentiel. Notre propos n'est pas ici de rajouter à ce qui est - donc de créer une «coloration», dualité, projection mentale égotique sur ceci ou cela, qui ne ferait qu'égarer ou lasser le lecteur. Nous renvoyons le lecteur à des ouvrages précédents, chez le même éditeur. Aussi n'y aura-t-il pas de «présentation» du Mahârshi, ni de «commentaires» sur son enseignement, ni même de notes. Ces paroles et dialogues se suffisent à eux-mêmes. Ils sont intemporels et universels.Il y a en chacun d'eux une qualité de vibration «mantrique», de silence des profondeurs, bien plus éloquent que le verbe lui-même. À nous de développer l'écoute. Quand la corde a fini de vibrer, l'oiseau de chanter, vient le silence, puis un après silence - sorte de post-son -, «Son du Silence» ; de même quand tombe le vent, ou s'éloigne le tonnerre, suit un «après silence», subtil, indéfinissable par des mots, mais d'une paix et d'une plénitude infinies que nous connaissons tous quand nous sommes à l'écoute, centrés dans le Coeur, et si le tumulte des pensées ne le recouvre pas. Après la page écrite, après le bruissement des mots et le tourbillon des pensées, dans la tranquillité de l'esprit et la paix du coeur, laissons s'installer l'après silence : là est l'Ultime.Chacune de ses paroles est à méditer, ou plutôt, à nous pénétrer, comme un soleil, révélant la Présence. Il serait plus juste de dire que, par jeu, le Soi s'interroge et trouve la réponse en et par Lui-même. La question contient en elle-même la réponse.Puissions-nous développer une qualité d'écoute et d'ouverture totale, et «Let The Sun Shine In...». Comment ? Bougeons-nous, ouvrons grand la fenêtre et laissons entrer le soleil. C'est si simple.Une fois entré, le soleil demande-t-il : «Qui suis-je ?»«Quand j'atteignis le fond de moi, Il n'y eut plus ni Toi ni moi !»Svâmî Gnânânanda (Maître tamoul d'Henri Le Saux)