ExtraitExtrait de l'introductionLa recherche sur la question des limbes depuis Vatican IILe futur pape Benoît XVI, le cardinal Ratzinger, avait fait partie de la Commission Théologique Internationale (CTI). Il avait demandé à cette commission de théologiens, qui n'a qu'une visée consultative au service du Magistère, de se pencher sur la question du sort des enfants morts sans baptême. Traditionnellement, on le sait, les grands docteurs scolastiques depuis saint Augustin jusqu'à saint Thomas d'Aquin et ses successeurs avaient toujours enseigné que les enfants morts sans baptême, étant arrivés dans l'autre monde sans la grâce, étaient damnés pour l'éternité dans un lieu qu'ils appelaient les limbes, un lieu où il n'y avait pas de souffrance parce qu'ils n'avaient pas eu de péchés personnels, mais où tout de même ils étaient privés de la vision de Dieu pour l'éternité, ce que la théologie appelait la peine du «dam».Devenu pape, Benoît XVI demanda à la Commission Théologique Internationale de continuer ces travaux et, en 2007, elle rendit un rapport qui disait ceci : «La doctrine des limbes relève d'une conception trop restrictive du salut». Tous les journaux catholiques de l'époque titrèrent : «La CTI supprime les limbes de la foi catholique». En vérité, il faut être plus précis que cela. Les limbes éternels n'ont jamais fait partie de la foi catholique, mais ils ont toujours fait partie d'une école théologique particulière qu'on appelle la scolastique, qui est l'école principale, officielle, qui a fécondé la théologie occidentale. Mais cette doctrine n'est pas connue dans l'Église orthodoxe, dans l'Église orientale. Les articles de journaux qui rapportaient les conclusions de la CTI n'étaient pas assez précis. Les limbes en eux-mêmes font partie de la foi catholique. Il existe toute une série de dogmes qui se sont suivis au cours de l'histoire et qui manifestent que les limbes existent. Ce qui n'existe pas dans la foi catholique, c'est l'éternité des limbes. La Commission Théologique Internationale n'alla pas plus loin dans ses conclusions. Elle n'avait pas les instruments qu'il lui fallait pour réfléchir davantage à la question des enfants morts sans baptême et elle se contenta de rappeler avec le Concile Vatican II que l'Église prie pour ces enfants et les remet à la miséricorde de Dieu.Pour quelle raison l'Église s'intéresse-t-elle de nouveau à cette question des enfants morts sans baptême ? Tout simplement parce que durant le Concile Vatican II, poussés par l'Esprit Saint, les Pères proclamèrent de manière solennelle, c'est-à-dire avec un ton particulièrement insistant et sans pourtant ajouter de «canon»4 qui condamne ceux qui n'y croient pas. Il s'agit du texte, qui tient en une petite phrase, de Gaudium et Spes 22, 5 :«En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l'homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l'Esprit-Saint offre à tous, d'une façon que Dieu connaît, la possibilité d'être associé au mystère pascal.»