Extrait du prologueJe n'écris pas pour ceux qui dansent. Mais pour ceux qui pleurent.Encore que ceux qui dansent peuvent aussi pleurer. Et ceux qui pleurent aussi danser.Car il advient parfois que la vie sombre d'un coup comme un navire au fond des flots.Et que le sang des hommes soit remplacé par les larmes.Il est faux de penser que le désespoir et l'espérance sont incompatibles.C'est au contraire en traversant le désespoir, le plus grand des désespoirs, que l'espérance surgit.Et qu'enfin et à jamais on en comprend le sens.Je vous écris du fond de l'abîme, mais c'est maintenant que ma main peut toucher le ciel.Nul ne sait à quel point il croit en Dieu avant d'avoir connu la Croix.Nul ne peut se dire chrétien si sa confiance en Jésus Christ n'est pas absolue.La suprême confiance n'est pas un dogme. Mais une expérience. Mais un abandon.Et ne permet jamais le moindre doute.Car il y a toujours un temps où l'on n'a plus le temps. De penser. De réfléchir. Ni même d'espérer.On sait. Et c'est tout. Et on sait que Dieu refuse les sentiments médiocres, les pensées petites.Et on sait que l'heure n'est plus, et d'ailleurs n'a jamais été, au juste milieu ou aux demi-mesures.On croit tout ou on ne croit rien.On cesse de tergiverser, de peser, de s'interroger. On oublie les «pourquoi», les «comment», et toutes les questions des hommes.A Dieu tout est possible. Et la Résurrection n'est pas plus étonnante que l'Eucharistie, la mort que la naissance, l'éternité que la création.A partir du moment où Dieu est Dieu, pourquoi s'étonner que ce qui est humainement impossible soit divinement possible ?Pourquoi avoir cet esprit borné, cette vue réduite ?Je l'ignore mais je le déplore, et l'ai toujours déploré.Car enfin si je ne croyais pas à tout ce qu'a dit le Christ, je n'aurais jamais mis un pied dans une église. Et je le déclare aujourd'hui comme hier.