La situation religieuse française est paradoxale : les Eglises ont en grande partie perdu leur crédit, leurs pratiques paraissent dépassées, leurs doctrines, abstraites ; mais on constate simultanément une importance et une attente accrues des questions spirituelles. C'est à l'analyse de ce malentendu que le livre d'Henri Fesquet se consacre. Il ne s'agit pourtant pas d'un ouvrage de sociologie religieuse, mais d'une réflexion passionnée et libre, indépendante de toute allégeance aux confessions existantes malgré l'attachement de son auteur à l'Evangile. Pour Henri Fesquet, la foi est " hors les murs " des Eglises. Elle nécessite un décapage en profondeur qui dégage l'essentiel de l'accessoire, qui rejette les superstitions et ces " cultes de la personnalité " qui s'interposent entre la liberté, la créativité du croyant et son élan vers l'absolu. Débarrassés des oripeaux pompeux dont on les avait vêtus, les grands spirituels redeviennent ce qu'ils ont été : des aventuriers fous d'amour et de générosité. Quant à la parole du Christ, à ne plus sonner emphatiquement sous les voûtes, elle retrouve son jaillissement naturel, son appel à la transparence du coeur, sa dynamique. Le Credo d'Henri Fesquet ne s'adresse pas aux seuls chrétiens dûment patentés. Il ne cherche pas à démontrer, mais à montrer. Et s'il dit résolument " je ", c'est avec la conviction que tous les pèlerins de l'absolu se rejoignent dans les interrogations religieuses fondamentales.
